«Moïse étendit sa main sur la mer, et l’Éternel fit reculer la mer toute la nuit par un vent d’est impétueux, et il mit la mer à sec, et les eaux furent divisées. Les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer, dans son lit desséché, les eaux se dressant en muraille à leur droite et à leur gauche» (Exode, versets 21 et 22).
La scène rapportée dans l’Ancien testament est devenue culte. Moïse guidant les esclaves hébreux hors d’Egypte, ouvrant la Mer Rouge qui se referme sur les cavaliers de Pharaon lancés à leur poursuite. Le peplum Les 10 Commandements de Cecil B. DeMille a largement contribué à nourrir le fantasme, sans pour autant réussir à l’expliquer.
S’il n’existe toujours pas de preuve historique de l’événement, la science vient en tout cas de démontrer que l’ouverture de la mer devant Moïse était possible. Pas la Mer Rouge, et certainement pas de façon aussi spectaculaire que l’Exode le décrit mais Carl Drews et Weiqing Han, deux chercheurs du National Centre for Atmospheric Research et de l’université du Colorado, ont établi une thèse crédible, véritable travail scientifique fondé sur la géographie des lieux et le climat. (si vous voulez jeter un oeil sur la démo cliquez ici et accrochez-vous et pas qu’à cause du vent !).
En s’appuyant sur des simulations par ordinateur, les scientifiques, ont découvert qu’un puissant vent d’Est (28 mètres par seconde) qui aurait soufflé pendant 12 heures, pourrait avoir écarté les eaux et ouvert un passage de trois kilomètres de long et presque cinq de large pendant quatre heures. Le phénomène naturel, appelé wind setdown, serait assez courant. Quand un vent fort souffle de façon continue au bord d’un étang, d’un lac ou d’un océan, il pousse la surface de l’eau perpendiculairement vers la droite dans l’hémisphère Nord, vers la gauche dans l’hémisphère Sud.
L’événement se serait produit non pas en mer Rouge à l’occasion d’un tsunami, comme le prétendaient certains chercheurs, mais dans le delta du Nil, sur une lagune peu profonde, après une nuit entière de vent fort continu. «Nos simulations collent bien avec le récit de l’Exode», assurent Carl Drews et Weiqing Han, de l’Université du Colorado. La mer en s’écartant aurait laissé apparaître une langue de terre, créant ainsi un passage. «Le phénomène est observable à moindre échelle dans le sud de la France. Les vents d’est ont tendance à faire monter le niveau de la mer le long de la côte au point que, parfois, le Rhône a du mal à s’écouler», explique Guy Caniaux, de Météo France. À l’inverse, s’il y avait des vents d’ouest – ce qui n’arrive jamais dans la région -, le niveau de la mer aurait tendance à baisser.
Au XIXe siècle, un officier britannique avait observé dans la lagune de Menzalé, dans le delta du Nil, un phénomène comparable à celui raconté dans l’Exode. Le vent qui avait soufflé très fort pendant une longue période avait vidé une partie du lac, l’eau s’était retirée au loin et les personnes pouvaient le traverser à pied.
À partir de ce témoignage, les deux universitaires ont examiné la carte du delta du Nil établie à partir du texte de l’historien grec Hérodote. La mer Rouge est en effet trop profonde pour avoir pu s’ouvrir par la seule force du wind setdown. Il leur fallait trouver un lac peu profond où un vent orienté à l’est aurait pu écarter les eaux, exactement comme le rapporte la Bible. Le lac de Tanis qui était alors bordé au sud par une langue de terre offrait une configuration idéale. Les deux chercheurs ont donc modélisé plusieurs scénarios pour savoir quelles conditions météo auraient pu permettre l’exode des Hébreux, ces derniers n’ayant que quelques heures pour franchir les fonds sableux et vaseux du lac. «Leur étude est scientifiquement très sérieuse», estime Guy Caniaux. Des travaux complémentaires devraient toutefois permettre d’explorer plus sérieusement cette piste.
En abandonnant la piste de la mer Rouge, les chercheurs ne sont pas isolés. Des interprétations récentes de la Bible préfèrent en effet traduire par «mer de joncs» ou «mer de roseaux».
La mer des Joncs, appelée aussi mer des Roseaux (hébreu יַם־סוּף, yam-souf) est, selon la Bible, une étendue d’eau traversée par les Hébreux lors de leur sortie d’Égypte.
La traduction grecque ancienne des Septante l’a identifiée à la mer Rouge (grec ἐρυθρὰ θάλασσα, érythra thalassa)1, ce qui s’est répercuté plus tard sur diverses éditions des bibles chrétiennes.
6 Commentaires
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Sacré chance pour Moise, d’avoir été au bon endroit au bon moment de ce phénomène climatique exceptionnel
Malgré tout j’ai un faible pour la version péplum du passage de la mer rouge
Passionnante explication très documentée :merci de l’avoir portée à notre connaissance. Ps/ par moments la démonstration est complexe mais aller sur l’onglet qui fait accéder aux 13 images et graphiques est édifiant.
Comme quoi les légendes croyances religieuses ou autre ont souvent un substrat réel
Auteur
En effet Jacques, mais sans vouloir polémiquer, j’ai trouvé une explication scientifique que j’ai publiée pour les 10 plaies d’Egypte (article du 23/04/20) et la séparation des eaux (06/05/20), deux événements rapportés dans l’Exode (Ancien Testament), mais n’ai pour le moment pas trouvé de travaux scientifiques validant les mystères de la Nativité et de la Résurrection ….
Pour la Nativité, il y a peut-être eu éjaculation anté-portas? Pour la résurrection je n’ai pas d’explication
waouhh et ben