Les malfrats tentent de plus en plus souvent de voler la drogue des passeurs quitte à séquestrer des innocents.
31 août dernier à l’aéroport d’Orly. Les vacances se terminent pour cet adjoint de sécurité. Son avion en provenance de Guyane vient d’atterrir. Au terminal 4, il n’a plus qu’à récupérer sa valise. Quatre hommes, dont l’un est muni d’une arme factice, le devancent. Et lui intiment l’ordre de le suivre.
Pour ces malfrats de Seine-Saint-Denis, connus notamment pour vol avec arme et trafic des stupéfiants, c’est une «mule». C’est-à-dire une personne payée quelques milliers d’euros pour transporter de la cocaïne jusqu’en métropole, le plus souvent en l’ingérant sous forme d’ovules ou de boulettes.
Seulement voilà, non seulement ils se trompent sur leur cible mais ils ne réalisent pas qu’autour d’eux ces vacanciers en bermudas et lunettes de soleil sont en réalité des policiers du SDPJ 94. Eux sont bien en service. Cela fait des semaines qu’ils traquent ces malfrats. Pour la première fois en France, une équipe de chasseurs de mules vient d’être arrêtée en flagrant délit.
Des arrivées quotidiennes
Ce phénomène nouveau est apparu il y a seulement quelques mois à la faveur de l’explosion de la technique dite de la «saturation». Pour avoir l’assurance que leur cocaïne arrivera quoi qu’il arrive à destination, les trafiquants truffent les vols de «mules». En partant du principe que les douaniers en arrêteront certes quelques-unes mais que toutes les autres passeront entre les mailles du filet.
Combien de mules sur les deux avions quotidiens pris par 200 passagers ? Les chiffres varient. « Une demi-douzaine environ », estime un douanier. « Une quarantaine », selon un policier de l’air et des frontières. En tout cas, cela fonctionne.
A tel point que les forces de l’ordre ne sont plus les seules à s’intéresser à ces hommes et ces femmes vivant dans la misère en Guyane ou au Suriname et prêts à risquer des années de prison pour faire passer de la cocaïne en métropole. Les malfrats voient dans cette technique l’opportunité de s’emparer plutôt facilement de la drogue des autres.
Au moins une dizaine d’affaires
Selon nos informations, une dizaine d’affaires sont remontées jusqu’aux oreilles des enquêteurs spécialisés. « C’est évidemment beaucoup plus, analyse l’un d’entre eux. Quand les malfrats ne se trompent pas, les victimes ne vont pas porter plainte. » Mais quand ils se trompent, l’affaire peut virer au cauchemar pour la fausse mule mais vrai touriste. L’adjoint de sécurité ciblé en août n’était pas la première victime de la bande de Seine-Saint-Denis.
En mai, une jeune femme descend de son vol d’Air Caraïbes. Originaire de la province du Wayapi en Guyane, elle se rend pour la première fois en métropole. Des vacances méritées pour cette Amérindienne travaillant dans un centre recueillant les animaux en voie de disparition. A Orly, elle est vite repérée. Dans la bande de chasseurs de mules, le physionomiste placé en amont téléphone immédiatement à ses complices pour la signaler
A quoi reconnaît-on une mule ? « Les trafiquants peuvent la repérer facilement : elle arrive un peu perdue, hésitante, décrypte un policier de Seine-Saint-Denis. Ils la conduisent dans un squat, hôtel ou appartement. C’est un carottage à bon compte. Mais les conséquences peuvent être lourdes. »
Une touriste séquestrée plusieurs jours
« Elle ne connaît pas les gens qui doivent l’accueillir, précise un douanier. Le plus souvent, elle traîne dans la file des passagers. » Les malfrats y vont ensuite au bluff, en se faisant passer pour les personnes qui doivent l’accueillir, ou à l’intimidation.
C’est la deuxième option qui est choisie pour la jeune femme du Wayapi. Celui qui l’aborde est armé d’un couteau. Ses autres complices se placent autour de lui en protection au cas où. La victime n’a pas le choix. Elle doit suivre ces hommes. Ils vont la conduire jusqu’à un appartement de Seine-Saint-Denis. Elle devra se déshabiller complètement. Et sera séquestrée plusieurs heures pour s’assurer qu’elle n’a pas ingéré la cocaïne. Dans son cas, il y a erreur sur la personne. Elle sera relâchée.
Cinq hommes en détention provisoire
« Les malfrats n’ont aucune assurance qu’il s’agit bien d’une mule, souligne une source proche du dossier. Ce n’est pas une équipe concurrente qui a eu un tuyau. Ils y vont à l’instinct. » D’où la crainte qu’un jour un vol de mules à l’aéroport vire au drame entre deux équipes. C’est peut-être ce qui est arrivé en Seine-Saint-Denis. Il y a quelques mois, une fusillade a éclaté faisant plusieurs blessés. L’hypothèse d’un règlement de compte en lien avec un détournement de mule était explorée.
A la suite de leur interpellation en août dernier, les quatre hommes qui chassaient les mules ainsi qu’un cinquième complice ont été placés en détention provisoire. L’instruction est toujours en cours.
Au tribunal de Créteil, la juridiction dont dépend l’aéroport d’Orly, trois mules sont jugées en moyenne chaque jour. « Elles écopent le plus souvent d’un an de prison ferme par kilo de cocaïne transporté », évalue une source judiciaire. A la prison de Fresnes, l’incarcération des mules relève désormais du casse-tête
Dans le Parisien Par Denis Courtine avec Carole Sterlé le 29 octobre 2019 à 13h46, modifié le 29 octobre 2019 à 14h03
12 Commentaires
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Du coup je voyage à deux?
Stupefiant!
Qui veut voyager loin ménage sa « mule » (croisement entre une pine d’âne et un con de jument) !
J’ai fais la mule pour ramener 10 boites de baume du tigre du Vietnam à ma belle fille qui est kiné et je n’ai pas eu de problème ni avec les trafiquants ni avec la douane !…
Effrayant !
merci
on serre les fesses
C’est surtout en provenance de Guyane ?
Cela donne pas envie d’y aller
Ok on en tiendra compte
bien merci pour ces bonnes nouvelles, je fais souvent la mule pour quelques bouteilles de rhum vieux
Bernard, tu dois être bien déçu de devoir changer de modalités de dissimulation.
Plusieurs bouteilles…. Mes respectueuses félicitations à ton anus !
lu ,
des ovules vaginales a la cocaine !!! j y penserai