Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne

Ambroise Paré, né vers 1510  près de Laval, et mort le 20 décembre 1590 à Paris, est un chirurgien et anatomiste français souvent considéré comme le père de la chirurgie moderne et l’inventeur de nombreux instruments.

« Je le pansay, Dieu le guarist. » résume sa philosophie (citation en moyen français signifiant : « Je le pansai, Dieu le guérit. »).

 Enfance et jeunesse.

L’instruction d’Ambroise est confiée à un chapelain, qui, au lieu de lui enseigner le latin, en fait son domestique . Ambroise Paré, qui ignorera toute sa vie le grec et le latin, quitte cette place et devient ensuite aide-soignant d’un barbier d’Angers puis travaille à Vitré avec son frère Jean, lui aussi chirurgien-barbier.

Le métier de chirurgien

En 1529, il entre comme compagnon chirurgien à l’Hôtel-Dieu et côtoie « tout ce qui peut être d’altération et maladies au corps humain ». Il observe malades et cadavres et enrichit son savoir anatomique. À la fin de ses études, il choisit de s’attacher au service du baron René de Montjean, lieutenant-général d’infanterie. Il devient maître barbier-chirurgien en 1536.

Le chirurgien des champs de bataille

Accompagnant le lieutenant-général, il reçoit le baptême du feu en 1537  et découvre que la poudre des arquebuses n’empoisonne pas les blessures comme on le croyait.

En 1542, il assiste au siège de Perpignan et élabore de nouvelles techniques chirurgicales. Ainsi, il a l’idée de replacer le blessé dans la position initiale au moment de l’impact pour révéler l’emplacement de la balle perdue et permettre de l’extraire.

En 1544, il assiste au siège de Boulogne où la tradition lui prête l’opération remarquablement réussie de François de Lorraine, duc de Guise, grièvement blessé d’un coup de lance au visage.

La campagne achevée, il se met à la rédaction du récit de ses voyages qu’il souhaite faire paraître en français. Mais il lui faut le soutien du roi face à la faculté de médecine pour voir aboutir son projet ; en 1545, il publie la Méthode de traiter les plaies faites par les arquebuts et autres bastons à feu, et celles qui sont faites par la poudre à canon puis un Traité sur l’accouchement et l’anatomie.

Au siège de Damvillers, il doit amputer l’un des gentilshommes de l’armée du comte de Rohan. Plutôt que d’appliquer le fer rouge pour éviter l’hémorragie, il tente sa nouvelle méthode et ligature les artères du blessé, qui se rétablira. Paré entre ensuite au service du roi de Navarre, puis à celui de Henri II de France, qui l’admit au nombre de ses chirurgiens ordinaires et participa à plusieurs campagnes militaires aux côtés du Roi.

En 1557, au siège de Saint-Quentin en Picardie, il note que les asticots d’une certaine mouche aident à la cicatrisation des plaies de blessés. L’asticothérapie (voir ici) est née.

Le premier chirurgien du roi

En 1553, la Confrérie de Saint-Côme, qui regroupait les barbiers-chirurgiens depuis le XIIIe siècle, avait été transformée depuis peu en collège de chirurgie. Cependant, les chirurgiens restaient sous la tutelle des médecins et cherchaient à s’en affranchir, ou au moins à la limiter. Le collège de Saint-Côme décida de s’adjoindre Paré en raison de sa grande réputation et du soutien du roi. C’est ainsi qu’il reçut le bonnet de maître le 8 décembre 1554, malgré l’opposition de la faculté de médecine et sa piètre connaissance du latin, pourtant obligatoire.

En 1561 et 1562, il publie deux autres ouvrages dont son Anatomie universelle du corps humain.  Catherine de Médicis le nomme premier chirurgien du roi Charles IX.

De 1564 à 1566, Paré accompagne Charles IX en visite à travers la France et en profite pour débusquer de nouvelles pistes de recherches. En 1564, il publie Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens nécessaires à icelle, où se trouve le premier usage connu du mot bistouri (en fait bistorie, féminin) dans le sens chirurgical.

La plus grande innovation est, pour les amputations, de ligaturer les artères et de panser la plaie avec un mélange de jaune d’œuf, d’huile rosate et de térébenthine plutôt que de cautériser avec de l’huile bouillante . Les suites opératoires sont exemptes d’infection contrairement à la technique en vigueur jusqu’alors.

Couronné en 1574, Henri III de France garde Paré, auprès de lui, en tant que premier chirurgien.

Opinions religieuses

Ambroise Paré a traditionnellement été considéré par les historiens comme protestant. Cependant, une polémique à ce sujet est née au XIXe, certains historiens d’obédience catholique estimant détenir les preuves de son adhésion à la foi catholique. Certains autres voient en lui un catholique tolérant.

La version traditionnelle repose sur une concordance de témoignages qui rapportent, entre autres, que lors du massacre de la Saint-Barthélémy, Ambroise Paré avait trouvé refuge chez le roi Charles IX qui l’avait dissimulé dans sa propre chambre. C’est donc à tout le moins qu’Ambroise Paré était tenu pour protestant à l’époque. M. Huchon relève que le chapitre « De l’âme », dans le XVIIIe livre des Œuvres, contient un emprunt direct à Jean Calvin et un emprunt textuel au huguenot Philippe de Mornay.

À l’appui de la thèse catholique, on relève qu’il aurait été difficile à un chirurgien tel que Paré de changer brutalement de service sans risquer de perdre son salaire, sa pratique et ses recherches et que d’autre part les curés avaient le monopole des actes d’état-civil. Dans le cadre d’une ville de Paris gagnée à la Ligue (ligue catholique de France), il aurait été suicidaire de se mettre en avant comme protestant, par la même de risquer sa vie et de perdre toute inscription légale, d’autant plus que les édits de mars 1563 et 1567 avaient expressément prévu que les protestants seraient enterrés dans les cimetières catholiques.

La mort d’Ambroise Paré

Il meurt à Paris alors dominée par la Ligue, le 20 décembre 1590.

Quelques jours avant la levée du siège de Paris par Henri IV (29 août 1590), Paré avait adjuré, dans la rue, l’archevêque de Lyon, d’intercéder en faveur de la paix pour soulager la misère du peuple.

Ambroise Paré recevra de grandes funérailles à l’Église Saint-André-des-Arts où il fut inhumé. Sa tombe existait encore en 1790, mais on ignore si elle fut détruite lors des profanations révolutionnaires ou après la vente et la destruction de l’église en 1807.

Les patients célèbres d’Ambroise Paré

 

L’apport d’Ambroise Paré à la chirurgie, à l’anatomie et à la médecine

Ambroise Paré a fait progresser la chirurgie, notamment par la préférence qu’il donna à la ligature des artères sur leur cautérisation après les amputations, par la suppression de l’huile bouillante dans le traitement des plaies par armes à feu et par les prothèses qu’il inventa ou perfectionna (mains, membres inférieurs). Il a également amélioré le traitement de la lithiase urinaire (maladie couramment dite « la pierre ») en s’appropriant peut être le travail s’autres.

En anatomie, il cite ses prédécesseurs, mais les prend parfois en défaut, Vésale en particulier, et on lui doit des descriptions nouvelles ou améliorées.

La principale originalité d’Ambroise Paré est la conception exigeante qu’il eut de sa profession, tant sur le plan technique que sur le plan humain, ainsi qu’un véritable génie de la communication, qui l’amena à publier ses livres en français (il n’écrivait pas le latin, mais aurait pu se contenter de publier les traductions latines qui furent faites de ses livres).

Paré eut également le mérite de réfuter quelques mythes répandus à son époque. En 1557, par exemple, doutant des propriétés d’antidote universel qu’on attribuait au bézoard, il proposa au roi qu’on en fasse l’essai après avoir empoisonné un condamné à mort.

Paré réfuta également le pouvoir thérapeutique de la « mumie » (chair momifiée) et l’existence de la licorne.

Œuvres et publications

Ambroise Paré suspend ses voyages pour se consacrer à la rédaction de ses ouvrages. Autodidacte ne sachant ni le grec ni le latin, il publia à dessein ses ouvrages en français, avec les encouragements de la cour et de ses illustres contemporains, dont Pierre de Ronsard. Paré n’étant pas docteur, la Faculté de médecine, en la personne de son doyen tenta de s’opposer à la mise en vente du livre, prétextant qu’il contenait des choses contraires à la bonne morale. L’affaire fut menée devant le Parlement, sans succès et le livre fut distribué et mis en vente sans modifications. Ses œuvres ont été traduites dans différentes langues.

 

5 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. lu

  2. Intéressant

  3. Sacré Ambroise, je ne savais pas qu’on pouvait commencer ses études de chirurgie en magnant le rasoir du barbier !
    Certains pourront donc se reconvertir en obtenant « l’équivalence » si on se fait trop « tondre » par la SECU (FD) !

  4. j’ai appris sur A.Paré et je ne connaissais pas toutes les légendes autour du bézoard

  5. Très interessant

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.