Hôpital: l’Académie de Médecine prône une gouvernance associant un « directeur administratif » et un « directeur médical »

Voici un article proposé par Jean-Michel Hervochon

« Pour info et publication si tu le juges utile pour la réflexion Amitiés Jean-Michel »

PARIS, 8 mars 2019 (APMnews) – L’académie de médecine préconise une gouvernance hospitalière avec un binôme composé d’un directeur administratif et d’un directeur médical, dans un rapport intitulé « L’hôpital en crise: origines et propositions ».

Le texte de ce rapport a été adopté lors de la séance du 12 février de l’Académie de médecine, par 76 voix pour 9 contre et 9 abstentions. Pour le rédiger, l’institution s’est appuyée sur l’audition de 32 personnalités du monde de de la santé, est-il indiqué.

Les propositions de l’académie concernent « la gouvernance de l’hôpital », « des nouvelles modalités de financement », « la réinsertion de l’hôpital dans son environnement », « la situation des personnels médicaux et soignants », « la participation des patients et des citoyens », ainsi que « la place de l’université dans l’hôpital ».

L’académie de médecine estime que « la gouvernance de l’hôpital ne doit plus être uniquement assurée par le directeur général de l’hôpital ».

Selon l’institution, « le monopole de la formation des directeurs au sein d’une école unique doit être abandonné pour permettre le recrutement de profils diversifiés ».

Elle souhaite que les médecins participent « à la gouvernance de l’hôpital dans lequel la grande majorité d’entre eux font leur carrière » afin de créer un binôme « directeur administratif (ancien directeur […]) et directeur médical (ancien président de la CME) ».

L’académie de médecine est en outre favorable à un rôle renforcé de la commission médicale d’établissement (CME) « en redonnant à son président, assisté d’une équipe administrative, la responsabilité et la signature sur toutes les questions médicales ».

Dans le détail, cela concernerait les « nominations et gestions des carrières », les « équipements médicaux, orientations médicales de l’établissement en fonction des progrès médicaux et de l’environnement territorial, avec allocation de moyens matériels et humains dédiés ». L’académie propose comme garde-fou « une formation au management médico-économique » en « prérequis indispensable ».

Et d’arguer: « Un pilotage démocratisé, fluidifié et simplifié est source de motivation et d’efficacité, permettant de rapprocher les visions administrative et médicale actuellement divergentes ».

Concernant la direction des soins, celle-ci « doit être sous la responsabilité conjointe du directeur administratif et du directeur médical », estime l’académie.

Cette dernière recommande la mise en place d’un triumvirat pour les CHU qui associerait le « directeur administratif (ancien directeur général), un directeur médical (ancien président de la CME) et directeur universitaire (doyen de la faculté ou par délégation vice-doyen à la recherche) ».

Elle recommande que chaque CHU travaille en association avec le doyen d’université ou par délégation un directeur délégué à la recherche qui serait notamment censé définir « la stratégie de recherche clinique en fonction des points forts de l’établissement ».

L’académie pour une autonomie des hôpitaux par rapport à l’Etat

Il est nécessaire de « donner aux hôpitaux une autonomie par rapport à l’Etat », en particulier « en régionalisant les responsabilités politique, budgétaire et financière à l’instar des grands pays anglo-saxons et européens, des hôpitaux militaires, des CRLCC [centres régionaux de lutte contre le cancer] et des hôpitaux de fondation », fait encore valoir l’institution.

Celle-ci est par ailleurs favorable à une organisation de l’hôpital en pôle repensée. Ce type d’organisation ne devrait « plus être systématique ni obligatoire », mais avec un critère d’organisation basé sur « la pertinence », selon le rapport.

Ainsi, les pôles « sans cohérence fonctionnelle » seraient « supprimés » et les pôles à vocation transversale « conservés ».

L’institution a également formulé une proposition concernant le capacitaire. Elle considère que « la qualité et la valorisation d’une discipline » ne devraient pas être associées au nombre de lits. Et de préciser: « Le nombre de personnels soignants ne sera plus corrélé au nombre de lits: maintenir des lits vides doit être possible, garantissant souplesse et flexibilité et permettant de faire face aux variations saisonnières des pathologies ».

Les marqueurs « privilégiés » de qualité devraient être « le savoir-faire des personnels, le nombre de nouveaux patients, l’absence de réhospitalisations non programmées, l’activité ambulatoire et les résultats (mortalité et qualité de vie) », selon le rapport.

Concernant la question financière, l’académie prône de privilégier la qualité, notamment « le résultat clinique obtenu par les soins prodigués au malade ».

Et de poursuivre: « Le contrôle des dépenses est indispensable, mais il paraît nécessaire de faire évoluer le processus de tarification. A minima, il faudrait diminuer le poids de la tarification à l’activité, la réserver à certaines pathologies, simplifier le nombre d’actes, rendre la tarification plus lisible et prioriser les GHS [groupes homogènes de séjours] qui regroupent actes et frais de personnel ».

Favorable à « Ma santé 2022 » et estimant que les groupements hospitaliers de territoire (GHT) représentent une « pièce essentielle de la réorganisation territoriale du système de santé », l’académie juge nécessaire de « favoriser la complémentarité » entre établissements « surtout entre CHU, CHG [centres hospitaliers généraux ou CH], hôpitaux de proximité et médecine de ville ».

L’académie considère que dans la gestion de l’offre sur le territoire, le succès dépend de la capacité des ARS à supprimer « les strates hiérarchiques qui retardent toutes les décisions et découragent les initiatives », à déléguer « vraiment la responsabilité sur la base d’un contrat d’objectifs prioritaires clairs en concertation avec le GHT », « ne pas vouloir tout planifier », à « faciliter la mise à disposition d’outils numériques flexibles et de la télémédecine » et à « évaluer, à partir de marqueurs de résultats, l’accessibilité et le parcours de soins ».

L’académie formule par ailleurs des recommandations pour « réorganiser l’activité des médecins en réduisant le temps consacré aux charges administratives, en privilégiant le temps médical et en modulant leur activité par périodes plus particulièrement dédiées aux soins, à la recherche ou à la formation ».

Elle estime en outre que « la relation médecins-personnels soignants doit être réorganisée avec l’objectif de redonner du sens aux métiers et de permettre une valorisation individuelle ».

« Réaffirmer le rôle des CHU »

Il prône de « réaffirmer le rôle des CHU » censés « contribuer au maintien d’une offre de soins graduée sur le territoire, assurer une médecine de recours et une médecine de proximité, promouvoir et diffuser la médecine prédictive et personnalisée ».

L’académie recommande que les CHU créent « des passerelles entre la filière médicale et les autres filières universitaires » et « de nouvelles formations dans le secteur de la santé ».

Dans la recherche, ces établissements doivent, selon l’académie, « faciliter et animer la mise en oeuvre de la recherche clinique et participer à l’émergence de pôles d’excellence, à la création de réseaux de recherche ». « Définir les grands axes du partenariat université-hôpital » constitue également une nécessité, selon l’institution.

Selon le rapport, la « crise » des hôpitaux s’explique par une « perte des valeurs médicales au profit de valeurs économiques », une « crise financière », une crise « managériale et [de] gouvernance » avec une « gestion administrative exorbitante », une « crise structurelle et organisationnelle » avec une « hyper-réglementation », ainsi qu’une « crise sociétale et sociale ».

L’hôpital public en crise : origines et propositions

jyp/ab/APMnews

2 Commentaires

  1. C’est bonnet blanc et blanc bonnet et quel est le salaire d’un membre de l’académie de Médecine ?

  2. lu

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