Les médecins cubains … sont devenus la première source de devises de l’île des Caraïbes (quatre fois plus que le tourisme).

Antoine d’Abbundo – La Croix – 18/04/2017

Après près de soixante ans de castrisme, l’économie du pays est à bout de souffle. Mais les médecins cubains continuent de bien s’exporter. Ils sont même devenus la première source de devises de l’île des Caraïbes.

N’en déplaise aux amateurs de clichés, la réputation de Cuba ne se réduit pas à la qualité de ses cigares ou de son rhum, si fameux soient-ils. Sa réputation, l’île des Caraïbes l’a aussi bâtie sur un système de santé qui reste, jusqu’à aujourd’hui, l’une des rares réussites du régime communiste installé au pouvoir depuis 1959.

Des médecins cubains dans 62 pays

Motif de fierté pour les irréductibles de la révolution, la médecine est également l’une des premières sources de revenus de ce pays de 11 millions d’habitants dont l’économie est à bout de souffle après un demi-siècle de castrisme. Selon les chiffres officiels publiés lundi 17 avril, le secteur de la santé aurait ainsi généré des recettes estimées à 10,3 milliards d’euros par an en moyenne entre 2011 et 2015, l’île facturant les services de ses médecins qui œuvrent à l’étranger.

En 2015, ils seraient plus de 50 000 professionnels impliqués dans des missions à l’extérieur, dans 62 pays, en Amérique latine principalement, mais aussi en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie.

Un système de santé modèle

Si le système de santé cubain est devenu une référence mondialement reconnue, c’est parce que son développement a été une des priorités du gouvernement dès la révolution de 1959. Avec 670 médecins pour 10 000 habitants – contre 338 pour la France –, près de 160 hôpitaux et 452 polycliniques répartis entre les quinze provinces et 24 facultés de médecine qui forment chaque année quelque 100 000 personnels de santé, l’île des Caraïbes s’est dotée en un peu plus de cinquante ans, d’infrastructures qui pourraient faire des envieux parmi les pays développés.

Et les résultats parlent d’eux-mêmes : avec un taux de mortalité infantile de 4,9 pour mille et une espérance de vie qui dépasse les 78 ans, Cuba affiche le meilleur bilan de santé, non seulement du continent mais de l’ensemble des pays en développement.

Opération « Miracle » avec le Venezuela

Ces derniers profitent d’ailleurs largement de l’expertise cubaine en ce domaine. Dès les années 1960, La Havane s’est donnée pour mission de soigner les populations pauvres de la planète au nom de la solidarité internationale. Depuis, quelque 132 000 médecins et autres agents de santé ont été envoyés dans plus de 100 pays du Sud.  Le site pro gouvernemental CubaDebate rend régulièrement compte de ces programmes où les médecins cubains sont présentés comme « des sortes de missionnaires qui sillonnent le monde en montrant le visage le plus noble du pays ».

L’exemple souvent cité de cette coopération est l’opération « Miracle » lancée en juillet 2004 par Fidel Castro et son homologue vénézuélien Hugo Chavez dans le cadre de l’Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba).  Une campagne humanitaire qui aura abouti, à en croire ses promoteurs, à la création de cinquante centres ophtalmologiques dans quinze pays du continent et aura permis à 3,5 millions de personnes de bénéficier de soins gratuits.

Un service très lucratif

Mais l’internationalisme cubain y trouve aussi son intérêt car l’assistance médicale qu’il apporte aux pays les plus pauvres peut parfois se monnayer. Ce service peut même être très lucratif puisque à titre de comparaison, le secteur touristique, autre pilier de l’économie cubaine, a rapporté quatre fois moins en 2016, avec 2,6 milliards d’euros.

Signe que l’envoi de médecins dans le monde, vieille arme de la diplomatie cubaine, est désormais une nécessité vitale pour maintenir à flot une île au bord de la faillite. Et garantir encore quelque temps un « modèle social » – éducation et santé gratuites pour tous – qui reste l’un des derniers atouts du régime.

 

 

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