Pédiatrie en Ile-de-France : les internes devront refaire un choix
A cause d’une erreur d’appréciation, treize hôpitaux d’Ile-de-France s’apprêtaient à travailler avec un nombre insuffisant d’internes pour pouvoir maintenir une ouverture continue des urgences pédiatriques cet hiver.
Par François Béguin Publié aujourd’hui à 01h47, mis à jour à 08h59 in Le Monde
Des internes en colère plutôt qu’une « crise sanitaire » cet hiver dans les services pédiatriques d’Ile-de-France. Entre deux maux, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a choisi celui qu’elle jugeait être le moindre. A la surprise générale, elle a annoncé, lundi 21 octobre, en début de soirée, qu’elle relançait la procédure de choix des quelque 490 internes de médecine générale de la région pour le semestre d’hiver 2019.
A la suite d’une erreur d’appréciation des autorités sanitaires, treize hôpitaux de la grande couronne parisienne s’apprêtaient à travailler, à partir du 4 novembre, avec un nombre insuffisant d’internes de médecine générale pour pouvoir maintenir l’ouverture sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre de leurs urgences pédiatriques. « On aurait eu un certain nombre de services d’urgences que nous n’aurions pas pu maintenir cet hiver, on allait vers une crise sanitaire », assure au Monde Aurélien Rousseau, le directeur général de l’ARS Ile-de-France.
Après avoir d’abord jugé qu’il était impossible de reprendre la procédure à zéro sans risquer un recours devant le tribunal administratif, l’agence sanitaire a finalement découvert lundi matin qu’« un interne avait pu choisir un poste alors qu’il avait d’ores et déjà validé ses six semestres d’internat de médecine générale », privant ainsi « mécaniquement » une autre personne de cette place. Cet incident « constitutif d’une atteinte au principe d’égalité » a donc permis, selon l’agence, « la relance de la procédure de choix » de ces internes.
Mécontentement
« J’aurais préféré qu’on découvre cette irrégularité juridique plus tôt, reconnaît M. Rousseau. Mais dès lors qu’il y avait une irrégularité, en termes de santé publique, il n’y avait pas d’autre décision à prendre que de refaire ce choix. »
Preuve du caractère inattendu de cette décision, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui s’est dite « extrêmement en colère » de ce ratage, avait annoncé quelques heures plus tôt sur LCP/Public Sénat que l’ARS avait fait le choix de « donner une prime de 500 euros par mois aux internes qui accepteraient d’aller travailler dans la grande couronne plutôt que dans un service dans Paris intra-muros ».
Une solution pourtant insuffisante. Au cours des jours précédents, seul un interne s’était dit prêt à changer de stage et quinze à prendre des gardes, là où il en aurait fallu au moins le double. « Il n’y avait pas de bonne solution », estime M. Rousseau, reconnaissant que « vérifier chaque semaine qu’on avait les lignes de garde nécessaires », comme s’apprêtait à le faire l’ARS, « était une solution préoccupante ».
Sur les réseaux sociaux lundi soir, plusieurs internes ont fait part de leur colère et leur vif mécontentement après l’annonce de l’ARS. Dans un post Facebook, les représentants du syndicat parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG) se sont dits « indignés et affligés » de la situation. Sur Twitter, Lucie Garcin, la présidente de l’Isnar-IMG, un syndicat national d’internes de médecine générale, a jugé « inadmissible de relancer la procédure à moins de deux semaines du début du semestre ».
La commission de répartition de médecine générale devait de nouveau se réunir, mardi, afin de proposer une nouvelle répartition des postes de façon que « les hôpitaux de petite et grande couronne disposent d’un plus grand nombre d’internes de médecine générale en pédiatrie ».
6 Commentaires
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Des pions ♟ ils sont des pions d’un échiquier ?
Auteur
Comment leur faire confiance pour résoudre la situation chaotique des urgences au niveau national et pour toutes les pathologies s’ils ne sont pas capables d’évaluer les besoins sur un échantillon restreint?
encore 1 fois nos responsables administratifs ont oublié que « gouverner, c’est prevoir »; mais que font ces milliers de fonctionnaires ?!…
lamentable
Le pire c’est qu’à force de trafiquer les statistiques pour que ça les arrange, l’administration en arrive à se mentir à elle même et à s’apercevoir à posteriori que leur évaluation était fausse; il faudrait leur faire un « mur de cons »
Misérable administration…
Pour info: le choix de stages sur Strasbourg a été retardé de plus de 8jours en raison des problèmes des Urgences de Mulhouse qui manquaient de seniors pour encadrer les internes…